La vie en héritage

La vie en héritage
© 180°C - Illustration Delphine Brunet

Notre planète Terre est exceptionnelle, d’une perfection hors du commun et d’un tempérament assez équilibré malgré le magma qui bouillonne en elle.
Elle pourrait tous nous rayer de la carte en un clin d’œil mais, brave fille, elle continue à nous pardonner notre ingratitude.
Elle nous transmet un héritage précieux, tels des parents aimants qui ont construit leur vie durant un beau patrimoine pour leurs enfants, mais les vilains canards que nous sommes s’en soucient peu.

La vie en héritage
Nous devrions pourtant nous sentir responsables de son avenir comme nous le sommes de nos rejetons et nous porter garants de sa survie.
Cette nature si bien faite ne réclame rien pour croître, elle nous nourrit à moindre frais sans trop se plaindre. Elle se rebelle parfois lorsque, assommée de pesticides, elle expire… Mais, rarement rancunière, elle reprend vie.
Quand on l’ampute de ses haies bucoliques, hébergeant oiseaux, insectes, baies et herbes comestibles, elle ne peut qu’abdiquer en ne retenant plus les eaux de pluie. Les nappes phréatiques ne se remplissent plus et ce sont les cours d’eau qui se transforment en torrents, emportant avec eux tout ce que l’homme a construit sans son autorisation, se croyant au-dessus de tout. Et là, il pleure, l’homme invincible. Il pleure, car il a tout perdu, mais il ne cherche pas à comprendre, il préfère tout recommencer à zéro avec l’espoir que le sort ne s’acharnera pas sur lui une deuxième fois.

La vie en héritage
Alors, il reprend son train de vie, construisant sur les marais, inondant ses champs d’engrais, entassant ses cochons sur des caillebotis, érigeant des fermes géantes pour prouver que lui seul détient le pouvoir. Et puis, les cochons tombent malades, les poules se déplument, les vaches deviennent folles et, nous autres, qui sommes au bout de la chaîne, aussi !
On se jette alors à corps perdu sur des jus détox pour se purifier, sur des salades de haricots verts kenyans, croyant se nourrir sainement tout en boulotant des Knacki Ball devant la télé…

Avons-nous donc perdu la tête ? Oublié d’être reconnaissants de ce qu’on nous lègue, oublié de faire preuve d’un minimum de gratitude ?

Le progrès ne se fait pas en balayant le passé comme des miettes sur la table à manger, mais en préservant le bon sens qui permet de protéger le socle sur lequel on repose et de nourrir sainement nos enfants.
À nous donc d’être vigilants tout en profitant de cette vie qui nous est offerte sur un plateau d’argent et, mangeons tous ensemble, en pleine conscience, les bons petits plats que voilà !

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