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Food reconversions
L'édito de 180°C HS #1
Food reconversions
L'édito de 180°C HS #1Qui n’a pas rêvé un jour de tout envoyer valdinguer pour vivre autre chose ? Qui n’a pas, un dimanche sous un plaid, échafaudé des plans de changement de vie ? Qui n’a pas regardé des annonces d’agences immobilières à l’autre bout de la France en espérant trouver la maison de ses rêves et s’y voir pour les vingt prochaines années ?
Nous avons tous, à un moment, caressé ce doux espoir d’une autre vie, pas forcément meilleure, mais différente et plus en adéquation avec ce que nous sommes à un temps T. Si l’on sait qu’un individu est amené à changer en moyenne trois fois de métiers au cours de sa vie professionnelle, il y a celui qui va évoluer au sein d’une même branche et celui qui va opérer une rupture totale passant de la téléphonie à la sophrologie, de l’ingénierie au théâtre, du journalisme à l’ébénisterie ou du mannequinat à l’armée.
De l’agriculture à la boucherie en passant par la biscuiterie, l’ostréiculture, la viticulture et la cuisine, le monde de l’alimentaire n’échappe pas à la règle. Nous sommes allés à la rencontre de ces personnes qui ont décidé de changer de vie. S’ils ont en commun aujourd’hui de ne pas regretter leur choix, tous ont opéré ce virage pour des raisons différentes. Certains parce que le chômage venait de taper à leur porte, d’autres parce qu’ils s’ennuyaient ferme dans leur bureau, d’autres encore parce qu’ils vivaient dans un système à l’opposé de leurs convictions, d’autres enfin pour fuir la ville ou assouvir une passion enfouie par des parents désireux de les voir évoluer dans un domaine plus valorisant ou prestigieux. Nombre d’entre eux sont repassés par la case école pour se former à leur nouveau métier et chez le banquier pour débloquer les fonds nécessaires à toute installation. Des chiffres qu’ils évoquent aujourd’hui sans aucun tabou, alors que les investissements et les salaires dans leur vie antérieure étaient quelque peu secrets. Est-ce parce qu’ils gagnent moins qu’ils n’ont aucun mal à divulguer les montants ? Toujours est-il qu’un compte en banque moins bien garni ne leur pose aucun problème. Ce qu’ils recherchent et qu’ils ont majoritairement trouvé, c’est un épanouissement personnel et ce sentiment que leur travail, aussi prenant soit-il, a un sens.
Plus belle leur vie ? À les voir évoluer dans leur nouveau monde, oui. À les écouter, encore oui, mais en filigrane, on peut parfois comprendre que la phase de transition, une fois l’excitation passée, n’a pas été de tout repos. Il faut accepter le regard des autres, convaincre son entourage, surtout ses enfants et sa compagne ou son compagnon contraints parfois de suivre sans être impliqués dans le projet, se heurter à la joie de la paperasserie qui en a déprimé plus d’un et avoir foi en l’avenir. Leurs témoignages, leurs parcours sont autant de raisons de croire qu’une autre vie est possible, sans pour autant devoir espérer décrocher le jackpot à la loterie pour se lancer.
Philippe Toinard, rédacteur chef de 180°C.