180°C des recettes et des hommes – n°9

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Le monde de demain
Dans ce 9e numéro, nous n’avons rencontré que des professionnels engagés sur un autre chemin, des professionnels qui, du jour au lendemain, ont changé leur fusil d’épaule pour notre bien-être, le leur, celui de la terre et celui des animaux qu’ils élèvent. Leurs témoignages sont éloquents et répondent en écho au Grand Entretien que José Bové nous a accordé pour faire un point sur ce que doit être l’agriculture demain si le consommateur prend son destin en mains et qu’il s’impose définitivement comme un consom’acteur.

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La prise de conscience

L'édito de 180°C #9

J’ai fait un rêve. Le 8e président de la Ve République nomme un ministre de l’Alimentation, de la Gastronomie et de l’Art de vivre. Entendez-bien, un ministre… pas un secrétaire d’État. Un ministre détaché de son camarade de l’Agriculture, de la Pêche et de la Forêt. Il suffit de se pencher sur la composition des précédents gouvernements pour comprendre que l’alimentation n’est pas d’une importance capitale aux yeux de nos dirigeants. En lisant les titres des deux derniers ministres, on comprend le peu d’intérêt porté à ce sujet pourtant crucial. Bruno Le Maire, du 14 novembre 2010 au 10 mai 2012, a été ministre de l’Agriculture, de l’Alimentation, de la Pêche, de la Ruralité et de l’Aménagement du territoire. Son successeur, Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt pendant tout le quinquennat de François Hollande. Vous la voyez, la différence ? D’alimentation, il n’en est plus question. On parle désormais d’agroalimentaire, ce fameux secteur qui se sent investi de devoir nourrir la population à coups de E 330, E 385, E 471 ou E 223.

J’ai fait un rêve. Ce(tte) ministre n’est pas à la botte des lobbies. Sa seule préoccupation est de défendre les intérêts des consommateurs, de veiller à leur offrir une alimentation de qualité, de valoriser et développer l’agriculture bio, d’empêcher certains industriels de désinformer en toute impunité, de rendre le secteur de l’agroalimentaire moins opaque, d’astreindre les acteurs de la restauration collective à proposer des menus savoureux, de faire voter des lois qui obligeraient certains filous à ne plus procrastiner… En bref, un(e) ministre qui tape du poing sur la table pour que le monde de l’industrie agroalimentaire apprenne la définition du mot respect et à écouter ses « clients ».

Aujourd’hui, ces missions sont majoritairement assurées par des associations de consommateurs dont nous saluons ici le travail, même si l’on comprend à demi-mot que les géants de la malbouffe les toisent du haut de leurs milliards de chiffres d’affaires. Parfois, ces mastodontes finissent par céder mais ne comprennent pas un tel acharnement alors que les pouvoirs publics les ont laissés faire sans sourciller depuis des décennies. Il est temps que ça change, que le consommateur se transforme en consom’acteur et que sa colère soit relayée au plus haut niveau par une personnalité qui devienne son porte-drapeau… Un(e) ministre, donc, mais issu(e) de la société civile, pas un politique qui, par le passé, aura été successivement ministre de l’Intérieur, de l’Outre-mer et des Collectivités locales avant de devenir ministre du Logement et de la Ville.

Ce n’était qu’un rêve. Le 8e président de la Ve République n’a finalement nommé personne parce que l’alimentation et la gastronomie ne sont pas au cœur de ses préoccupations… enfin si, mais uniquement derrière les portes de son palais…

Philippe Toinard, rédacteur chef de 180°C.

Informations complémentaires

Poids 780 g
Dimensions 28 × 21 × 1,6 cm
Pagination

192 pages sans publicité.

Date de parution

20 avril 2017