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Bilan et perspectives
Bilan et perspectives
Dans quelques mois, nous élirons le ou la neuvième président(e) de la Ve République qui nommera un Premier ministre qui, lui-même, composera son gouvernement. Parmi les futurs ministres, il en est un, celui de l’Agriculture et de l’alimentation, dont nous scruterons les engagements, en espérant que le mot « alimentation » reste bien accolé à celui d’« agriculture » ou qu’il ne soit pas remplacé par
« agroalimentaire »… comme ce fut le cas sous la présidence de François Hollande. Au cours du quinquennat qui prendra fin en avril 2022, quatre ministres de l’Agriculture et de l’alimentation se sont succédé : Jacques Mézard, Stéphane Travert, Didier Guillaume et Julien Denormandie. Si l’idée n’est pas de dresser un bilan de toutes leurs actions, nous pouvons cependant décerner quelques bons ou mauvais points sur des sujets qui préoccupent les Français.
Un bon point pour la promulgation des lois Egalim 1, en 2018, et Egalim 2, en 2021. S’il est impossible ici d’entrer dans les détails, soulignons que ces lois pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et une alimentation saine et durable comportent de nombreuses dispositions qui vont dans le sens des attentes des consommateurs. Parmi elles, la possibilité d’emporter les aliments ou boissons non consommés sur place dans les restaurants et les débits de boissons, la possibilité pour la restauration collective de faire des dons alimentaires pour lutter contre le gaspillage, l’interdiction des bouteilles d’eau en plastique dans les cantines scolaires et celles des touillettes et des pailles dans la restauration, la vente à emporter, les cantines et les commerces alimentaires.
Un bon point pour l’étiquetage de l’origine des viandes dans la restauration hors domicile. C’était déjà le cas pour la viande de boeuf. Ce le sera courant 2022 pour les viandes de porc, de volailles, d’ovins et de caprins. Un bon point aussi pour la mise en place de la plateforme Frais et Local qui permet de localiser, en un clic, les producteurs qui pratiquent la vente directe à côté de chez soi. En revanche, et le dossier sur le sucre que nous vous proposons dans ce numéro est là pour le rappeler, nous ne pouvons que décerner un mauvais point au ministère de l’Agriculture et de l’alimentation ainsi qu’au ministère de la Transition écologique qui ont autorisé provisoirement l’utilisation de néonicotinoïdes pour les betteraves sucrières, le temps que d’autres solutions soient trouvées pour protéger ces cultures alors même que, depuis le 1er septembre 2018, l’utilisation des produits contenant des néonicotinoïdes et des semences traitées avec ces produits était interdite en France.
Nous devons donc rester vigilants car le « un pas en avant, deux pas en arrière » reste de mise dans les salons dorés des ministères. Heureusement, les consommateurs, les associations, les ONG savent aujourd’hui se faire entendre et faire pression pour que le contenu de nos assiettes ne soit plus dicté par les géants de la malbouffe. Ce qui est la moindre des choses quand on sait que le président de la République, Emmanuel Macron, a fait de 2021 l’année de la gastronomie.
Philippe Toinard, rédacteur chef de 180°C