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Un an plus tard
Un an plus tard
Souvenez-vous ! Le 16 mars 2020, Emmanuel Macron, dans une allocution télévisée, nous annonçait que nous étions en guerre. Sanitaire certes, mais en guerre. Dans les heures qui ont suivi, le gouvernement communiquait les mesures de confinement pour endiguer l’épidémie de Covid-19. Si les commerces alimentaires restaient ouverts, sauf les marchés, ceux qui n’étaient pas indispensables à la vie de la Nation devaient fermer leurs portes. Pour nous tous, impossible de boire un verre avec des amis dans un bar, de se sustenter dans un restaurant et d’aller guincher en discothèque. La bamboche, c’est terminé !
En bons Français qui se respectent, nous avons tous râlé un bon coup contre les inepties de certaines fermetures, puis avons réorganisé nos vies désormais confinées. Dans l’ordre qui vous siéra, nous avons lu, regardé des séries, tricoté, télétravaillé, rangé, bricolé, marché, mis de l’ordre dans nos papiers, appelé nos proches, jardiné… mais, surtout, nous avons cuisiné. Preuve en est, le bilan 2020 du Groupement des marques d’appareils pour la maison (Gifam) dévoilé en février dernier. Les ventes de machine à pain ont explosé (+ 82 %) – 15 % de Français en sont désormais équipés –, les machines à café (+ 55,8 %), les robots culinaires (+ 47,6 %), les friteuses (+ 25,5 %) et les caves à vins (+ 7,5 %).
Ces chiffres laissent penser que la tendance du « fait maison », déjà observée depuis quelques années, se renforce en temps de crise et de confinement. Nous ne pouvons que nous réjouir de ce plaisir retrouvé de cuisiner en famille que nous illustrons dans chaque numéro de 180°C, depuis sa création, à travers notamment les recettes de Delphine dans les rubriques Home Made et Divin Quotidien, mais aussi celles de Valery, Mayalen ou Stéphane dans les Franchouillardises et dans Le Marché de 180°C.
La cuisine aura donc été, pendant presque un an, un loisir de confinement. Il ne faut évidemment pas s’arrêter en si bon chemin et le télétravail, s’il n’est heureusement pas généralisé, reste une occasion supplémentaire de prendre son temps au déjeuner pour se préparer de bons petits plats.
Cuisiner maison, en solo, en duo ou en famille doit maintenant s’accompagner d’un acte militant, celui de soutenir les acteurs locaux, les producteurs, les agriculteurs, les éleveurs qui, depuis un an, n’ont jamais cessé de travailler pour nous nourrir. La tentation est grande parfois de ne pas s’attarder sur les étiquettes et de préparer une assiette de crudités avec des champignons de Paris… des Pays-Bas, des tomates et des courgettes d’Espagne, des radis d’Allemagne, des brocolis de Chine et un assaisonnement à base d’assemblage d’huiles d’olive européennes. Tous ces produits existent pourtant en « made in France » à notre porte, en bas de la rue chez nos commerçants de quartier ou à quelques kilomètres dans des exploitations agricoles qui s’évertuent depuis des années à bien mettre en avant leurs panneaux « vente à la ferme ». Notre salade de crudités faite maison ne sera peut-être pas forcément meilleure, mais elle aura surtout le goût de notre engagement.
Philippe Toinard, rédacteur chef de 180°C