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Ne pas perdre les bonnes habitudes
Ne pas perdre les bonnes habitudes
Pendant le premier confinement, au printemps 2020, nous avons été nombreux à soutenir les producteurs en achetant en direct œufs, lait, fromages, légumes, fruits, viandes… Pour beaucoup, il était impossible d’écouler leurs marchandises faute de débouchés sur les marchés, dans les cantines et les restaurants, fermés pour les raisons que chacun sait. Tous saluaient alors notre patriotisme. Nous étions devenus adeptes des circuits courts.
À lire les témoignages de centaines de producteurs sur les réseaux sociaux et dans la presse, l’engouement n’a pas duré. Sitôt le déconfinement acté et les vacances d’été réservées, les chiffres d’affaires de la vente directe ressemblaient bon an mal an à ceux d’avant la crise du coronavirus. Pourtant, les producteurs avaient su, en très peu de temps, se réinventer, livrant à domicile et parfois même à l’aide de drones, mettant en place des drive fermiers, se rapprochant des sites de e-commerce et des plateformes ou occupant temporairement des commerces « non essentiels » pour écouler leurs marchandises.
Vint alors le second confinement et l’espoir pour les producteurs de retrouver la clientèle du printemps. S’il est encore trop tôt pour dresser un premier bilan, force est de constater que la solidarité n’a pas fonctionné de la même manière à l’automne. La raison ? Un confinement qui n’en était pas vraiment un, avec moins de monde à la maison et donc moins de repas à préparer, mais surtout des marchés ouverts et la possibilité pour tout un chacun d’y faire ses emplettes en produits frais. En somme, en dehors de quelques disparités géographiques, chacun avait repris ses petites habitudes, même si quelques producteurs ont souligné qu’ils avaient réussi à fidéliser certains clients du printemps.
Les producteurs ont démontré qu’ils étaient capables d’aller à la rencontre du public tout en se rapprochant les uns des autres pour mutualiser leurs offres et les consommateurs ont prouvé leur attachement au monde agricole, il serait donc logique et impératif que ce nouveau paradigme perdure. Ce modèle permet aux producteurs de mieux se rémunérer en l’absence d’intermédiaire et aux consommateurs d’apprendre à se nourrir sainement, au rythme des saisons, en changeant leur vision des aliments achetés frais et en direct. Sans oublier que cette relation privilégiée génère moins de déchets et améliore notre bilan carbone.
Le lien entre deux mondes qui s’ignoraient est acté et les bénéfices qu’apporte la vente directe et locale sont connus de tous, mais il reste encore beaucoup de consommateurs à séduire. Pour ce faire, de nombreuses cartes interactives et des applications ont vu le jour référençant les producteurs qui vendent en direct. À nous d’en prendre connaissance pour trouver le chemin le plus court du locavorisme 2.0, pour que la solidarité ne soit pas éphémère.
Philippe Toinard, rédacteur chef de 180°C