Description
Rien n'aura été épargné aux vignerons
Rien n'aura été épargné aux vignerons
Après les terribles épisodes de canicule ou de sécheresse et ceux du gel en 2017, 2019 et 2021 – le pire des trois –, c’est la grêle qui s’est invitée en 2022 ravageant, dans un premier temps, certaines vignes de Gironde, de Dordogne, des Landes et du Gers puis, dans un second temps, celles de Savoie avec, par endroits, des pertes supérieures à 90 %, du Beaujolais et certaines parcelles de Bourgogne.
Que faire face à ces années compliquées qui se répètent ? Nombre de vignerons pensent qu’il est temps de trouver des solutions – et pas seulement du côté des assurances – car tous ces phénomènes sont trop récurrents, trop violents et les systèmes de lutte ne fonctionnent plus vraiment. Ici et là, de nouvelles technologies fleurissent, des lampes antigel, des ombrières photovoltaïques, des filets anti-grêlons… Mais, outre le coût que seuls quelques vignerons peuvent se permettre de financer pour s’équiper, ces technologies n’empêcheront pas l’arrivée d’une vague de froid, la formation d’une tornade ou un épisode de canicule pendant lequel les raisins sont soumis, par endroits, à des températures de 45 °C comme en juin 2019 et 2022.
La solution est-elle du côté de nouvelles pratiques culturales ? On parle ici et là d’agroforesterie – replanter des haies et des arbres dans les vignes –, de réduction des labours qui participent à l’érosion des sols, de baisse drastique des herbicides qui mettent les sols à nu, de complantation, de plantation de vigne en pergola, de palissage en hautain, de cépages plus adaptés au changement climatique avec notamment des variétés qui bourgeonnent plus tardivement. Partout en France, des vignerons font des essais et des fermes expérimentales lancent des vignes-test. Les premières observations sont encourageantes. Et, même si un arbre récemment planté dans une parcelle ne fera de l’ombre à la vigne que dans quelques années, il n’est pas nécessaire d’attendre les observations et les conclusions. Il faut agir et vite.
Seul point positif de ces phénomènes climatiques dramatiques, l’entraide et la solidarité entre vignerons. Quand un vigneron perd tout ou presque, il se tourne vers ses amis qui lui vendent ou lui cèdent des raisins. Et voilà que le vigneron habitué à vinifier du gamay se met à proposer une cuvée de carignan, quand le défenseur du chenin met sur le marché une cuvée de cabernet franc. Ça ne règle pas les problèmes, mais ça met un peu de beurre dans les épinards et cela met en joie les amateurs qui contribuent,
Philippe Toinard, rédacteur chef de 180°C