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L'édito de 12°5 #7
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L'édito de 12°5 #7Une question revient régulièrement quand nous dégustons les bouteilles des vignerons qui nous reçoivent pour 180°C ou pour 12°5 et qui, tous, travaillent en bio ou en biodynamie : « Pourquoi n’indiquez-vous pas sur votre étiquette, ou votre contre-étiquette, les certifications que vous avez obtenues ? » La réponse est souvent la même : « Pourquoi ceux qui produisent des vins propres et certifiés devraient-ils justifier sur une étiquette la façon dont ils travaillent ? » Et d’ajouter : « Pourquoi, dans un pays comme la France où 9 % du vignoble est conduit en bio, ne demande-t-on pas plutôt aux vignerons qui bombardent leur vigne de cochonneries d’indiquer sur leurs étiquettes la composition de leurs vins ? »
Les mentions obligatoires sur une bouteille de vin sont nombreuses. Si le logo AB est devenu facultatif depuis 2012, sa version européenne est, en revanche, obligatoire pour les vins produits depuis le 1er août 2012. À cela il faut ajouter la dénomination de vente réglementaire de la catégorie de vin, le titre alcoométrique volumique acquis, la provenance, le volume nominal, le nom de l’embouteilleur, le numéro d’identification du lot, les allergènes, le message sanitaire et la teneur en sucre pour certains vins. Il faut ensuite indiquer, ce n’est pas obligatoire mais réglementé, le millésime et le cépage, les mentions relatives à certaines méthodes de production et les références de l’exploitation agricole. Beaucoup de données qui, finalement, contrairement à un produit solide, ne donnent que peu d’informations au consommateur. En effet, les vins et les alcools profitent d’une dérogation au règlement de l’Union européenne concernant l’information des consommateurs sur les denrées alimentaires. Une information que le public aimerait connaître si l’on se réfère à une étude réalisée en octobre 2017 par l’Ifop pour WWF qui souligne que 89 % des Français déclaraient vouloir être informés de la présence des pesticides dans les produits alimentaires à l’aide d’un étiquetage.
Alors, à quand sur une étiquette la liste des produits anti-botrytis et anti-mildiou utilisés même si les seuils limites sont respectés ? À quand écrite noir sur blanc la présence de résidus d’iprodione (fongicide) ou de thiaméthoxame (insecticide) aujourd’hui retirés mais encore présents dans d’anciens millésimes, de thiophanate-methyl (fongicide), de phosphonates et bien d’autres noms barbares ? Cette liste non exhaustive rappelle qu’en France 20 % de tous les pesticides utilisés dans l’agriculture le sont dans les vignes.
Alors, certes, pesticides et additifs œnologiques sont en baisse depuis quelques années mais est-ce une raison de continuer à ne pas être transparent ? Combien de temps encore les vignerons qui « bombardent » vont-ils profiter de cette dérogation ? C’est évidemment à eux de justifier la façon dont ils conduisent leur vigne et travaillent dans les chais et pas du tout aux vignerons en bio, en biodynamie ou en nature de le faire.
Philippe Toinard, rédacteur chef de 12°5.