Une bonne balade dans les rizières, rien de mieux pour découvrir le saké !
Le lac Biwa est une vaste étendue d’eau douce à 1 heure de train de la région de Kyoto. Une partie de son rivage est jalonnée de nombreuses usines. Il était si pollué dans les années 70/80 que les riverains assurent qu’il était teinté de rouge… Il a ainsi servi de révélateur… Et de repoussoir ! La prise de conscience des enjeux écologiques dans ce pays hyper industrialisé est sans doute née quelque part, dans ces villages longeant cette côte paisible et magnifique. Les plus anciens se souviendront aussi du dramatique épisode de Minamata… Celui, très récent de Fukushima a même poussé certains habitants à produire leur électricité eux-mêmes, avec des panneaux solaires, pour ne plus dépendre de la compagnie Tepco.
Pierre Loti aimait-il le saké ?
Le delta de la rivière Adogawa est une zone de cultures : petites parcelles maraichères et rizières forment un puzzle délicieux qu’aurait sans doute admiré Pierre Loti. Et tout près du bourg de Harie, se trouve une ancienne distillerie de saké. Petites cuves de fermentation, production limitée, équipement ancien, toiles d’araignées on est loin des fabriques industrielles classique au design chirurgical. Dans cette maison, on fermente le riz local avec une eau très spéciale. Pas celle du lac, en cours de guérison, mais celle, très pure et cristalline de l’aquifère passant 20 mètres plus bas.
Allez y comprendre quelque chose…
Les sakés dégustés sont vifs comme l’argent et parfumé comme l’air du printemps qui nous entoure. Quelques petits gobelets font vite voir le monde comme il devrait être : magnifique et stimulant. Le patron de la maison insiste sur la qualité des riz utilisés, naturels, la pureté de l’eau, les faibles volumes produits. Un saké de « terroir » comme on dirait chez nous. Après cette dégustation presque miraculeuse, retour vers la gare par le chemin des écoliers. Au détour d’un chemin serpentant entre deux rizières, un épouvantail épouvante les passants : il est fait de perches sur lesquelles sont cousus des sacs en plastique blancs… d’engrais, qu’on soupçonne aussitôt de synthèse… Les inscriptions, obscures, sont en japonais. Seule une formule chimique indique la présence de composés azotés… Interrogé, un villageois répond par un rire poli mais ferme. Pourtant, à 20 mètres, trois femmes au teint tanné par le soleil désherbent à la main une rizière… Mais déjà nous sommes dans le train et le vaste lac Biwa s’éloigne avec ses secrets…