Six ruches, deux vaches, une dizaine de poules, un troupeau de moutons, un bélier, deux cochons, un chien, deux chambres d’hôte, un chat… La vie est bien présente au cœur de la ferme vigneronne du Domaine de Lorient à quelques kilomètres de Valence au cœur de l’AOC Saint-Péray.
Fermiers et vignerons ; mais vignerons avant tout
Laure Colombo et Dimitri Roulleau-Gallays sont avant tout des vignerons. Des vignerons qui désirent être le plus autonome possible. « Aucun atelier n’est aussi important que celui de la vigne. C’est pour ça que nous appelons cela une ferme vigneronne. Ce n’est pas une ferme à polyculture comme on pourrait l’imaginer à l’époque, mais nous voulions vraiment que notre style de vie soit tourné autour des produits de la terre, de nos animaux, notre propre production. Notre principale activité reste le vin, surtout sur les belles appellations que nous avons : Saint-Péray, Saint-Joseph, et Cornas. ».
En 2014, Laure et Dimitri reprennent une exploitation à l’arrêt, au cœur de 18 hectares de terrain. Les premiers choix se sont portés sur la création de 4 hectares de vignes morcelées qui ne se touchent pas, entourées de forêts ou de haies au départ en friche « mais nous nous sommes bien rendu compte que seuls, on n’y arriverait pas. Nous avons donc trouvé de l’aide auprès de moutons ! En réalité, chaque animal sur le domaine a une utilité, que ce soit alimentaire, ou jardinière». Deux ans plus tard, Ingénieuse, rejoint la famille, et donne naissance à Noisette. La Jersiaise est une race de vaches, rustique et facile à vivre qui donne un lait aux teneurs très élevées en nutriments et en vitamines. « Notre souhait est de faire nos yaourts, nos glaces, avoir du lait et de la viande ! ».
Le miel et les abeilles
Autre pôle, les ruches ! L’année dernière, Laure récolte 30 kg de miel des 6 ruches qu’elle a installées sur les terres de Lorient. Petite récolte mais suffisante pour la famille. Le frelon asiatique fait ici, comme ailleurs, beaucoup de dégâts, mais aussi par choix d’une agriculture raisonnée. « Nous pourrions prendre plus de miel à nos abeilles, mais on leur laisse de quoi avoir des réserves pour l’hiver. Nos abeilles noires et nos Buckfast sont sédentaires, c’est un vrai miel toutes fleurs AOC Saint-Péray. »
Pour conférer du sens aux multi-ateliers de la ferme, Laure et Dimitri réfléchissent sans cesse au développement de l’ensemble de la biodiversité.
Les rangs de vignes sont tous semés en engrais vert, qui apportent de l’azote dans le sol quant un sur deux l’est en plantes mellifères, qui se succèdent du printemps à l’automne. C’est une source de nourriture importante pour les abeilles. « C’est la solution à l’apiculture ! Nous perdons chaque année un peu plus d’abeilles, c’est un fait. Il est temps de réfléchir à des soluions, leur fournir des prairies, des espaces de nourritures toute l’année et les aider à survivre.».
La vie de retour au cœur des vignes
Depuis leur arrivée, Laure et Dimitri ont planté pas loin de 2000 arbres de forêts, fruitiers, et haies. « Nous avons installé des nichoirs pour simplifier le chemin aux oiseaux pour qu’ils viennent manger et dormir dans les vignes et donc y faire un ménage naturel. Nous ramenons de la vie dans le vignoble. » Partis de zéro, ils ont choisi leur viticulture à leur image. Des vignes taillées en gobelets palissés, 2/3 de roussane et 1/3 de marsanne sur Saint-Péray. « Tout n’est pas en production. En 2019, nous avons récolté pour 70 hectolitres en vendangeant en avance pour garder un maximum de fraîcheur sur une année très chaude ».
Zéro intrant en cave et juste un peu de soufre, après la fermentation malolactique.
Sur l’AOC Cornas, c’est un terrain d’un demi-hectare en fermage, qui était déjà cultivé en bio. « La vigne à une trentaine d’années, mais plantée beaucoup trop large, nous avons tout redensifié l’année dernière. Un travail colossal surtout à deux, avec un saisonnier ou un woofer de temps en temps. Un apprenti nous a rejoints depuis cette année ». La vendange, d’une petite parcelle de syrah plantée 3 ans plus tôt par les vignerons, a permis de récolter pour 8 hectolitres d’une cuvée hors appellation « Ma première fois » en plus des 3 habituelles.
Observation, ajustements et projets pour l’avenir de la ferme vigneronne
Les projets pour cette ferme vigneronne sont vastes, mais avant tout consolider ce qui a été mis en place. « Nous avons commis des erreurs par inexpérience, c’est normal. Nous avons beaucoup appris et continuons sur cette lancée. Nous changeons petit à petit nos moutons par exemple, pour une race shropshire qui ne mange pas les écorces de nos vignes contrairement à ceux que nous possédons en ce moment. On va garder nos brebis, on va juste changer le bélier. La race va se changer d’elle-même. C’est évolutif. ».
Développer aussi la partie maraîchage avec des cultures inter-rangs. Il existe déjà un champ de pommes de terre et de choux, pour engraisser, aussi, les 2 cochons. « Nous tentons cette année l’installation d’une serre pour améliorer nos cultures d’hiver. Nous avons un petit potager avec des poivrons, tomates, aubergines, courges, mais par exemple les oignons, les pommes de terre, ça demande beaucoup de place. On s’est dit que dans notre petit potager ça ne marcherait pas, nous avons donc exploité les allées des vignes restées libres ».
Quelques ruches en plus et arriver à les tenir, apprendre à faire de la mozzarella avec le lait de la ferme.
Et enfin : lancer « Les jeudis de Lorient » entre mai et juillet et faire profiter d’une table d’hôte avec les produits de la ferme dans les vignes en musique !
© 180°C – Texte et photos de Julia Bouchet
Domaine de Lorient – Ferme vigneronne
Laure et Dimitri
07130 Saint Péray – FRANCE
www.domainelorient.com/contact/