Le 17 e arrondissement, dans un quartier cossu de Paris, la rue Bayen a vu s’installer, il y a un peu plus de deux ans, une petite épicerie au nom très singulier… Bienvenue chez Papa Sapiens, commerce de bouche à oreille, carrefour des terroirs, petit bastion érigé pour la défense du goût, et de ceux qui le font !
Poussez la porte de l’épicerie et vous voici totalement immergé dans un univers ou chaque centimètre carré a été pensé pour mettre en valeur des produits soigneusement sélectionnés. Ici, oubliez les étagères à rallonge et les offres pléthoriques. En effet, la volonté d’un petit espace chaleureux et convivial, qui serait propice à une vraie relation d’échange avec les clients, oblige également à une sélection très resserrée des produits mis en avant. Pour exemple, chez Papa Sapiens, vous trouverez une huile d’olive et un confiturier. Soit un partenaire, un produit.
Mais attention, chacune de ces références aura fait l’objet d’un sourcing des plus minutieux, passé l’épreuve du palais des associés, le teste en bouche des plus fidèles clients avant – si validation il y a – de se voir attribuée une place de choix au sein de cette caverne d’Alibaba du bon goût.
Comme le dit Alexandra Lepage, l’un des 4 fondateurs du concept Papa Sapiens :
ce qui nous intéresse, c’est d’être une tribune pour les faiseurs de goût.
« Notre valeur ajoutée, c’est d’être sélectionneur, mais on a vraiment envie d’expliquer pourquoi le goût est là, c’est très central chez nous, on fait beaucoup goûter et ensuite on explique aux gens la genèse du produit : ce qui il y a derrière, de quelle manière il travaille, quel terroir, quel élevage ? »
Des histoires que l’on ramène chez soi avec les produits glanés dans l’épicerie, et que l’on repartage autour de la table avec les amis, la famille, telle une grande communauté de gourmets… Voilà comment on devient l’un des honorables membres de la petite tribu Papa Sapiens, une tribu de conteurs au bec fin qui ne cesse de s’agrandir !
Pourtant au départ, ils n’étaient que quatre, des amis férus de gastronomie, amoureux des bonnes tables, qui prennent ensemble plaisir à faire de nouvelles découvertes gustatives. Puis un jour, l’idée vient avec l’envie de partager leur passion de la bonne chère : tenter d’ouvrir un lieu qui ne ferait que des produits de saison. Mieux, surfer sur les pics de saisonnalité de certains produits, transformés ou pas. C’est une première ébauche, un premier jet à l’origine de l’idée Papa Sapiens.
À l’époque, Alexandra Lepage a passé 11 ans de sa vie professionnelle chez Kraft Food, vécu quelques temps à l’étranger, puis en 2008, c’est la fin d’un cycle.
Elle fait alors un peu d’entrepreneuriat dans le textile, mais les sirènes du gôut, la passion des bons produits et l’envie de les faire partager sont plus forts.
Elle développe un concept, « les idées d’Alexandra ». Pour elle, ce n’est que du plaisir mais l’idée en question n’est pas rentable ou viable à long treme… Il est temps de faire du sérieux !
L’idée de Papa Sapiens est en gestation. Il n’y a eu aucune étude de marché, juste du plaisir et de l’instinct. Ce qui va accélérer les choses et les concrétiser, c’est la découverte d’un lieu, un petit écrin rue Bayen, parfait pour accueillir le concept qu’ils ont alors en tête. Des quatre associés dont deux oeuvrent dans la communication et l’un dans la finance, Alexandra est la seule à pouvoir se dédier à 100% au projet. Elle est notamment en charge du sourcing : « beaucoup de gens sont venus spontanément nous voir afin de nous présenter leurs produits. De mon côté, je cible une région, puis je pars en tournée, j’écume, je regarde ce qui se passe dans la presse, je m’appuie également beaucoup sur le réseau des chefs et celui des artisans entre eux afin de dénicher la perle rare. Mais nous sommes tous plus ou moins sourceurs au sein de l’équipe ».
Car entre temps, la petite tribu s’est agrandie, Camille qui nous a également accueillis, infuse son dynamisme et son enthousiasme à l’atmosphère déjà très conviviale de la petite boutique. Responsable des boutiques (car il en existe une seconde rue de Bourgogne dans le 7e), des équipes opérationnelles et de la relation clients, elle met également son palais au service des trouvailles du moment. Les validations en dégustation se font de manière collégiale, c’est ça l’esprit Papa Sapiens. « Il fallait que notre boutique soit une juste représentation de nos palais et que cela concorde avec les attentes de nos clients. Et ça marche ! Les gens rentrent, nous demandent ce qu’il y a de neuf ? Ils sont en confiance et attendent de nous de la nouveauté. »
Si c’est chez Papa Sapiens, c’est que c’est bon ! Le plus important c’est de goûter.
Je confirme. Après avoir fait voyager mon palet avec les différentes charcuteries proposées, picoré ici et là, humé, et caressé du regard une dernière fois tous ces produits qu’il me reste à découvrir… Je repars, tous les sens en éveil et les papilles encore bien enivrées par ces mystérieuses petites noisettes enrobées de chocolat.
Je reviendrai c’est certain, d’autant plus que désormais je fais partie de la tribu Papa Sapiens.