Surnommé le « José Bové » de la mer, Gwen Pennarun, n’a rien du fort en gueule girondin, si ce n’est la ténacité dans l’action. Ce pêcheur de bars de ligne, installé à Combrit-Sainte-Marine depuis 1983, défend les petits artisans face à la grosse pêche industrielle. Pour ce natif de Brest, la pêche artisanale, c’est plus qu’un métier, c’est sa raison de vivre, « j’aime la mer, la liberté que procure ce métier, le côté physique aussi : on est proche du poisson, on a un lien direct avec lui », explique-t-il, « je me bats pour un idéal, on pêche peu mais on valorise beaucoup, et pour les jeunes qui veulent faire ce métier ».
Stocks en chute libre
Malheureusement certains stocks de poissons comme le bar se sont effondrés ces dernières années, « les ligneurs ne peuvent pas se rabattre sur d’autres espèces ou aller pêcher plus au large comme les chaluts pélagiques », vitupère le marin-pêcheur. Pour ne pas se laisser couler par les industriels de la pêche, Gwen Pennarun a décidé de riposter en participant tout d’abord à la création des Ligneurs de la Pointe de Bretagne en 1993, dont le but est surtout d’interpeller le consommateur sur la qualité des produits. Puis en 2012 en créant la Plateforme de la Petite Pêche Artisanale Française (PPPAF) qu’il copréside aujourd’hui, ainsi que Life (Low Impact Fishers of Europe), un collectif de petits pêcheurs européens qui siège à Bruxelles et qui voit son nombre d’adhérents grossir de jour en jour. « On a compris qu’il fallait se faire connaître comme les « gros ». Pendant longtemps, nous étions invisibles. Excepté sur les cartes postales, personne ne nous « voyait» avec nos quatre ou cinq bateaux par port. Pourtant 70 % de la flotte française est constituée de petite pêche ».
Interview du New York Times
Un défi qui semble avoir porté ses fruits, Gwen Pennarun est aujourd’hui un nom qui résonne dans la pêche européenne, le New York Times est même venu l’interviewer dans son lointain Finistère. Et Life a gagné une belle manche : depuis 2015, la pêche pélagique est interdite pendant la période du frai des bars. « C’est une belle victoire mais c’est un arrêt d’urgence. Il va falloir établir un nouvel avis sur l’état de la ressource et encore se battre pour faire perdurer cette mesure ». La bataille ne fait que commencer…