Le Livre noir de l’agriculture, Vino business et Foutez-nous la paix ! » Autant de titres décapants sur notre cher agrobusiness, ses excès, ses lâchetés et absurdités… Le système agro-industriel scannés par la plume bien informée et incorruptible d’Isabelle Saporta qu’on ne présente plus… Découvrez son nouvel ouvrage « Du courage », apostrophe salutaire à notre futur président et autres élites. Édifiant et passionnant !
Alors, quoi de neuf depuis votre dernier livre « Foutez-nous la paix ? »
Eh bien pas grand-chose hélas ! Le temps passe et rien ne se passe. Notre problème est, qu’à de rares exceptions près, nos politiques font semblant de s’emparer des grands sujets agro-industriels, promettent parfois des mesures puis laissent les choses aller leurs cours, cours qui est toujours celui des industriels comme par hasard… Le problème est que la parole politique est démonétisée par ces renoncements successifs, que ce soit au sujet de l’agriculture ou du reste… D’où, hélas, ce sentiment du « tous pourris »…
Du courage pour quoi faire ?
Mais pour enfin donner au citoyen toute la transparence à laquelle il a droit pour que les produits soient vendus à leurs juste prix, pour que tout un chacun soit informé de ce qu’il consomme vraiment. Du courage pour réformer notre système agro-industriel ! Il en faudra…
Selon vous, les politiques ne s’emparent pas de ces problèmes par manque de courage ?
Clairement… oui ! A l’insu de leur plein gré (ou non !) les politiques ont la main qui tremble face à deux forces très puissantes. Tout d’abord celle des lobbies qui savent protéger leurs intérêts avec une redoutable efficacité. Ensuite celle, plus pernicieuse, du courtermisme : l’action sur le long terme se brisant sur des calendriers de gestion de carrière ! Mais au fond, c’est d’une vision dont manquent tant de responsables sur tous ces sujets…
Mais il y a quand même des figures comme Brigitte Allain ou Joël Labbé ?
Oui heureusement ! Et c’est bien leur courage et leur pugnacité qu’on voudrait retrouver plus souvent chez leurs pairs.
S’agit’ il de lâcheté ?
Eh bien oui, c’est le mot. Car les atermoiements, grandes abdications et petits renoncement sont en train de produire une dette écologique que nous transmettons, en ce moment même, à nos enfants.
Ou est-ce le système qui est irréformable ?
Bien sûr que si ! Mais il faut sortir d’une vision centralisatrice et jacobine. Non, Paris, ne trouvera pas LA solution pour sauver notre agriculture et notre ruralité. Il n’y a pas une solution, il y en a 1000, et pour les voir, il faut être à l’écoute de ce qui se fait, et de ce qui fonctionne localement.
Le consommateur manque-t-il lui aussi de courage ?
Le consommateur n’est pas assez informé pour qu’on puisse le lui reprocher. Par exemple, connait-il les vrais coûts environnementaux, sanitaires, et même médicaux de la bouffe massifiée et bon marché ? Non, il ne connait que son coût d’achat, car le système se garde bien de lui donner toutes ces informations.