DOMAINE ELIAN DARROS & SANDRINE FARRUGIA
La petite histoire : Votre serviteur connaît et aime les vins du domaine depuis fort longtemps, voire plus encore. Ayant décidé de chroniquer une des cuvées dans la célébrissime revue 12°5 (Abouriou 2015), je téléphone donc à Elian pour prendre quelques renseignements techniques puis lui propose un rdv, il y a plus d’un mois. J’arrive au domaine à 8H00 du matin, j’en profite pour faire quelques images dans la belle lumière, avant que le soleil ne sorte, puis Elian arrive et nous passons 3 bonnes heures dans les vignes, sur les différentes parcelles. Viendra ensuite une dégustation superbe avec ses vins et ceux de sa compagne, Sandrine Farrugia, qui possède elle aussi 7 ha à côté des 12 d’Elian.
Une vocation qui ne date pas d’hier
Elian Da Ros voulait être agriculteur à 3 ans et vigneron à 8. Ce petit fils d’émigré italien s’est donc donné les moyens de sa vocation : bac pro, BTS viti-oenologie puis focus sur la partie commerciale avec un second BTS en commerce des vins. Puis c’est la découverte du « vrai » métier dans une très, très grande maison alsacienne : Zind-Humbrecht où il restera 6 années. Elian reprend le domaine familial en 98, le développe et le convertit. Premier gros coup dur, les grêles de 2007 et 2008 qui mettent le domaine à genoux. « Si le banquier ne nous avait pas suivi, c’était terminé ». 2008, l’année des subprimes et celle donc, ou une banque du marmandais sauve l’honneur d’une profession à la gloire des vins sincères !
Mener une exploitation, c’est faire (aussi) du management. Les raisins, le vin, le commerce, ce sont des hommes avant tout qui les font….
La seule recette qui marche : le gagnant/gagnant ! « J’ai instauré ça dans tout ce que je fais, en interne comme à l’extérieur ». Depuis des années, Elian partage sa vie avec Sandrine Farrugia, autrefois exportatrice de vins vers le Japon et désormais vigneronne. La taille de leurs domaines ? 4 ha pour Sandrine et 19 pour Elian… « Nous faisons du cousu main, nos coûts d’exploitations sont très élevés car beaucoup de choses se font toujours sans mécanisation. C’est ainsi : pour pouvoir faire ce que nous voulons faire au chai, il nous faut un végétal parfait, ni plus, ni moins »
Magnifiques côtes du Marmandais !
En marchant dans les rangs, Elian pointe une grappe un peu malingre « Regarde celle-là… On voit qu’elle n’a pas gelé mais qu’elle a bien souffert. A ce stade, le froid suffit à provoquer des stress et une carence potassique qui peuvent même donner de la coulure » Mais, après deux heures de marche dans les rangs, un constat s’impose : le végétal est magnifique, rempli de vie et de vigueur. Nous passons en plein palissage « Ah ça pousse, ça pousse » lance une des ouvrières avec un accent à couper au couteau. Elian s’arrête, et échange une bonne dizaine de minutes pour décider de telle ou telle intervention sur cette parcelle d’Abouriou ou de Sauvignon. Le soin apporté au végétal est d’une extrême méticulosité, attention dont on voit bien qu’elle est la source même des vins du domaine.
Le bio et la biodynamie ?
» Mon papa est mort d’une leucémie suite aux traitements en chimie qu’il effectuait. »
Le choix du Bio et de la biodynamie est pour moi plus qu’une logique, c’est une simple évidence que je ne mentionne pas, d’ailleurs, sur mes étiquettes. Pourquoi se prévaloir d’une mesure de simple bon sens ?
Ainsi, les différents cépages du domaine (Abouriou, Cabernet franc, Merlot, Sauvignon, Sémillon, …) s’épanouissent grâce à une agriculture pointue et respectueuse pour donner des raisins qui seront vinifiés de façon tout aussi pointue et aussi sobre que possible. C’est d’ailleurs la marque du domaine : des vins engagés mais toujours sur l’élégance, la définition et la précision.
La dégustation
Lors de mon passage, Sandrine et Elian me font découvrir toutes leurs superbes cuvées, mais je n’en relaterai que quatre dans ce sujet. Je ne peux qu’inciter le lecteur à découvrir les autres, toutes affaires cessantes !
Le vin est une fête et Abouriou AOC Côtes du marmandais 2015
Deux vins très plaisants, (le second est particulièrement addictif, attention à la dépendance !) près du fruit mais avec une belle complexité et, surtout, une buvabilité quasi dangereuse ! Superbes notes de fruits, beau croquant, superbes bouteilles très, très raisonnables, vu leurs qualités.
Baquey 2012 AOC Côte du marmandais
Rien à voir avec les deux premiers vins, ici, grande ampleur, superbe vin illustrant bien la richesse du terroir de graves et bancs d’huître. Élégance, force, précision et noblesse, pas de chaleur, que le plaisir pur et simple. À découvrir pour changer définitivement d’avis sur cette appellation et en finir avec les idées reçues.
52 ares 2014 (De Sandrine) Blanc AOC sur sémillon et sauvignon
Joli blanc très bien élevé et montrant tout le potentiel du terroir comme de la vigneronne ! Quelques petits grammes de sucres résiduels arrondissent en une belle aménité un jus fin et pointu. Belle découverte.
Contact:
Domaine Elian Da ros et Sandrine Farrugia
Laclotte, 47250 Cocumont, France
Téléphone : +33 (0)5 53 20 75 22
www.eliandaros.fr
Le questionnaire de moût
Le jour où vous avez décidé de faire ce métier ?
– Elian : je ne sais plus… Dès ma huitième année! Sandrine : la rencontre avec Elian…
Votre premier souvenir professionnel ?
– Elian : mes premiers raisins vendangés en famille…Sandrine : ma première vinification.
Votre première joie professionnelle ?
– Elian : mon arrivée chez Léonard Humbrecht. Mes cours avec André Crespy. Sandrine : La signature, chez le notaire de l’acte d’achat de mes vignes.
Votre première déception ?
– Elian : En 99 un mauvais lot de bouchons qui m’avait ruiné une bonne partie de mes mises. Sandrine : le mildiou en 2012, malgré tous nos efforts...
Qu’est-ce que c’est votre métier ?
– Elian et Sandrine : être au top et tous corps de métiers 7/7, 24/24.
Qui vous a le plus appris ?
– Elian : Dédé Crespy, Léonard et Olivier Humbrecht. Sandrine: Elian, Olivier Cousin, Eric pfifferling, …
Votre plus belle réussite ?
– Elian : la renaissance de l’Abouriou en 2007. Sandrine : mon fils !
Votre plus belle foirade ?
– Elian : des brett en 2001. Sandrine : la cuvée 52 ares en 2014, très, très difficile à aboutir…
Ce qui vous plaît le plus ?
– Elian et Sandrine : les échanges, l’humain…
Ce qui vous sort par les yeux ?
– Elian : Les buveurs d’étiquettes. Sandrine : la paperasse.
Les vraies difficultés du métier ?
– Elian : les coûts de production, comparable à ce qui se fait en Saint-émilion… Sandrine : la gestion, la trésorerie…
Et si c’était à refaire ?
– Elian et Sandrine : on reprend tout pareil !