Médor, son nonos et les antispécistes

médoc-son-nonos-et-les-antispecistes
© 180°C - Delphine Brunet

Des aliments bons à manger. Et à penser.

Comme on sait, la route de l’enfer est pavée de bonnes intentions. Pour ne pas gaspiller un précieux « cinquième quartier », on en faisait des farines pour régaler nos chers bovins européens. Et pour pouvoir produire des saumons à bas coût, on leur donne des anchois péchés au Pérou…C’est dire si nos braves animaux d’élevage ont l’esprit large et des goûts, finalement très éclectiques. Un peu comme nous d’ailleurs. Ne sommes-nous pas omnivores, prêts à consommer tous les aliments pourvu qu’ils soient bons « à manger et à penser » selon le théorème de Claude Fischler ?

antispécisme : impasse ou bon sens ?

Plus vraiment, désormais, car les « antispecistes » nous mettent face aux abysses de nos contradictions. Comment pouvons-nous savourer une cuisse de poulet aux morilles… et chérir nos animaux de compagnie ? Manger du foie gras et caresser un chat ? Servir des sushis et nourrir un canari ? Le poisson rouge aurait-il plus d’esprit, au fond, que la sardine ? Les antispecistes posent comme postulat que non, et nous poussent ainsi naturellement vers le régime végétarien ou végan. Cette invitation est d’autant plus facile à suivre qu’il suffit de voir de près l’abattage industriel des animaux pour se convertir sans efforts.

Plus de nonos pour Médor, un tian de légumes !

Mais face à cette dialectique déductive et implacable, nous sommes, (heureusement ?) complètement irrationnels et capables de faire cohabiter dans nos esprits ondoyants la souffrance animale et les petits bonheurs culinaires… C’est ainsi. Remarquons aussi que cette propension à l’illogisme marche dans les deux sens, en poussant l’inconséquence jusqu’aux contrées bénies du cocasse et de l’absurde. On trouve maintenant des croquettes pour chiens bio et 100% végétales, annoncée sans rire avec communiqués de presse (voir plus bas) et tout le bataclan marketing. Avec carottes, épinards et salsifis… Pour suivre les principes de son maître, plus de nonos pour Médor mais un tian de poivrons ! A quand la gamme de roudoudous au cassis spécial tigres et des barres céréalières pour les lions ? Le prosélytisme va loin, très loin et comme prédisait Alexandre Vialatte, « le progrès fait rage » !

Ressources :

Facebook Aymeric Caron

https://www.yarrah.com/fr/assortiment/chien-des-croquettes

médoc-son-nonos-et-les-antispecistes
Communiqué de presse « Bio Organic – Yarrah »
Plus d'articles de Stephan Lagorce

La pasta alla carbonara è mobile sans sorbet mangue

Recette de Stephan Lagorce,  publiée dans la revue 180°C n°10, p 97...
Read More