« La Maison Plisson, c’est un peu comme l’Inde, soit les gens adorent, soit ils détestent ». C’est l’une des toutes premières vérités que vous révèlera Delphine Plisson pour vous parler de son concept d’alimentation générale.
Faut-il encore la présenter ? Avec sa façade vert de gris qui se dresse au n° 93 du boulevard Beaumarchais, La Maison Plisson a dès son ouverture créé une véritable ébullition médiatique, des débats passionnés autour de l’excellente idée (ou pas !) de sa fondatrice. Plus d’un an après, le ballet frénétique des serveurs qui virevoltent entre les tables bondées de clients de l’espace restaurant jouxtant celui de l’épicerie, laisse à penser que l’idée n’était pas mauvaise du tout.
Derrière celle-ci, il y a Delphine, une pure reconvertie qui a fait toute sa première vie professionnelle dans la mode. Rien à voir. Mais le goût des bonnes choses, la passion des vrais produits, des terroirs, a toujours été en elle.
En 1990 et alors qu’elle fait ses études à New York, elle tombe littéralement amoureuse du concept d’épicerie fine Dean & Deluca. Des produits vrais, bons et beaux, puis cette culture du plaisir de faire ses courses, un autre rapport à l’alimentation qui lui semble manquer en France. Chaque fois qu’elle revient de la grande pomme, Delphine assure à ses amis qu’un jour quelqu’un se décidera à le faire en France, que c’est génial : « tu fais tes courses, tu n’as que des bons produits, les gens sont cools, tu manges sur place ou tu te fais livrer, c’est simple, ouvert 7 jours sur 7… »
25 ans plus tard, la Maison Plisson ouvre ses portes et accueille ses premiers clients.
C’est le résultat de 3 ans de travail et de lutte acharnée, une incroyable persévérance, et autant d’énergie que de flair : « 10 ans avant, je n’aurais jamais pu monter ce projet, il n’y avait pas tout cet intérêt nouveau pour la traçabilité, le goût et le plaisir. Ce sont les producteurs qui ont amorcé le mouvement, ou plutôt leurs héritiers actuels qui veulent aujourd’hui travailler avec des races traditionnelles, de manière artisanale. »
À l’inauguration, Yves Camdeborde, l’un des parrains qui a soutenu le projet, n’en revient toujours pas, lui qui la prenait au départ pour une douce rêveuse. Il faut dire que mélanger 11 métiers de bouche de façon traditionnelle, en plein Paris avec toutes les contraintes sanitaires, techniques et financières… Cela relevait presque de l’impossible. Mais impossible n’est pas Plisson, j’en prends toute la mesure tandis qu’elle tance du regard un serveur qui manque, pour la deuxième fois, la main levée d’une cliente. Cliente qu’elle ne pouvait pas voir puisqu’elle était attablée dans son dos. « Je sens la nervosité des gens » me confie-t-elle.
Il faut bien l’avouer, Delphine Plisson est une femme surprenante, à l’image de cet endroit auquel elle a donné vie.
Aujourd’hui, avec près de 5000 références dont la moitié en frais, l’épicerie se veut un vrai carrefour des terroirs. Au menu, l’évasion des sens rythmée par la saisonnalité de produits minutieusement sourcés chez des producteurs authentiques, sincères et engagés.
Des valeurs que Delphine retrouve dans 180°C, dont elle est lectrice de la première heure : « J’ai toujours lu 180°C, j’adore le ton des textes, le travail des photos, les sujets de fonds, je me suis toujours sentie en phase avec les valeurs défendues ».
Aussi, la rencontre était inévitable et de celle-ci est née la très bonne idée des fiches recettes de la Maison Plisson : 3 recettes imaginées par 180°C à retrouver chaque mois dans votre épicerie préférée. Puis il y a également un projet de livre pour la fin de l’année, dont on vous donnera des nouvelles très bientôt.
Si vous venez à la Maison Plisson, vous y croiserez sans doute Delphine, vêtue de son tablier bleu marine, l’uniforme des équipes embarquées à bord de son aventure humaine et entrepreneuriale.
Si c’est un dimanche, vous pourrez tenter de redécouvrir les goûts et les saveurs d’un vrai rôti maison avec « le rôti du dimanche ». Si c’est en semaine, optez pour « le mardi chez Mamie », qui propose des plats comme le cassoulet, la choucroute, le pot-au-feu ou encore le bœuf-carottes ».
Enfin, si vous êtes comme nous, que vous aimez les bons produits et leurs histoires, les producteurs amoureux de leurs terroirs et que vous avez envie de partager tout cela dans vos assiettes, alors vous trouverez toujours une bonne raison de venir flâner à La Maison Plisson.