Ce qu’il y a d’embêtant avec la mort, c’est que c’est définitif !
Oui, c’est vraiment le problème et c’est sans doute plus vrai encore quand elle prend les grands génies du genre humain : Einstein, Leys, Pissaro, Mahler, Nignon ou tout récemment Gotlib le maître en autodérision toutes catégories. Alors pour sécher nos larmes, restent leur musique, leurs idées ou leurs pages.
Le génie Gotlib
Gotlib, comme beaucoup de génies, a été très prolifique, et l’originalité de son talent a été nourrie par l’abondance même de sa production qui, sans jamais se plagier elle-même, progressait toujours vers plus d’expressivité drôlatique, déconnades profondes et mise en abimes hilarantes… Peut-être, la postérité va-t-elle ranger Gotlib dans la catégorie un peu fourre-tout des dessinateurs de bd, comme le grand Reiser mais son œuvre, comédie humaine déjantée, pointe, au fond, un auteur à part entière, fût-il le père de héros aussi improbables que Super Dupont et ses charentaise, Hamster jovial, Pervers pépère ou le saturnien Gai-luron.
La cuisine, un des terrains de ses terrains de jeu
Marcel Gotlib a consacré à la cuisine, aux produits, aux restaurant, quelques-unes de ses pages les plus ébouriffantes, les plus hilarantes, décalées et perçantes. On se souvient des macaronis percés avec des aiguilles géantes, du maître d’hôtel proposant des « Prince de la mer dans son jus des fruits du soleil (de modestes sardines à l’huile), du « La blanquette, c’est qui ? » demandé aux convives par le même maître d’hôtel ou tout simplement de la pomme assommant Newton et devenue une icône traversant ses productions et le temps.
Ainsi donc, sa petite musique tendre, douce, féroce, perçante et surréaliste s’est-elle tue pour toujours…Nous reste ses pages et son esprit, puisse-t-il se retrouver au banquet des Dieux qu’il avait si bien dessiné.